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  • CHRIS CUNNINGHAM
     

    Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Chris Cunningham, j’entreprends de remédier à cette lacune en vous le présentant en quelques mots... Pourquoi le placer dans « l’œil de la rédaction » ? Cette rubrique a pour objet de parler de ceux qui rallient l’image au son avec brio et ingéniosité ; en d’autres termes des expériences visuelles au service de la musique (on est toujours sur musicalXperience…). Chris Cunningham rentre donc parfaitement dans cette catégorie. Publiciste et clipeur de talent, il s’inscrit dans la lignée des Michel Gondry ou Spike Jonze en plus barré, c’est peu dire… Pour situer, son équivalent en musique est Aphex Twin. L’alchimie artistique étant si forte, qu’il travaille très souvent avec lui, pour des clips du maître electro ou utilisant ses morceaux pour la bande son de ses propres travaux de vidéaste. Mais quand ses confrères clipeurs sont déjà passés au long métrage, le Chris met 4 ans à faire un court métrage de 6 minutes : Rubber Johnny, achevé en 2005 et basé sur une composition d’Aphex Twin : Afx 237 v7 extrait de l’album Drukqs. Ce film est la pièce maîtresse pour comprendre la complexité de son expression. C’est l’histoire d’un enfant mutant enfermé dans une cave.
    Pour revenir sur son parcours, ses débuts dans le clip il les fait pour le  groupe Autechre et le morceau « Second Bad Vilbel » en 1995. L’écurie Warp avec qui il commence sa collaboration (qui se poursuit toujours aujourd’hui), le met en contact avec Richard D. James plus connu sous le nom d’Aphex Twin, et signe Come to daddy. Il travaillera avec des artistes plus ou moins mainstream (Placebo, Portishead, Madonna ou Bjork). Sa collaboration avec Björk est celle dont il est le plus satisfait. Il a aussi mis ses talents au service de la publicité (Sony, Nissan, BMW…). Ces expériences sont une façon pour lui de travailler sa technique ; des compétences qui lui permettent de s’exprimer artistiquement dans les clips qu’il réalise.
    Ses sources d’inspiration au-delà de quelques classiques cinématographiques (Vidéodrome, Star Wars, Blade Runner, American Graffiti…), reste la musique électronique. Ce sont des gens comme Squarepusher et Aphex Twin qui lui ont donné envie de réaliser des clips. L’exercice consistant à coller ses images à la structure rythmique d’un morceau est une jouissance perpétuelle pour ce vidéaste passionné.  Quand Lynch rencontre Cronenberg, cela donne ce robot humain qui enchaîne les lignes de coke. Son univers est urbain, glacial, trouble et violent. Dans Come to daddy, les enfants prennent le visage démoniaque de l’adulte (celui d’Aphex Twin). Les déformations corporelles sont légions. La rigueur du monde moderne synthétique, froid,  affronte le jeu des enfants qui s’en servent pour exprimer toute leur violence. L’environnement leur donne tous les outils pour le faire. Ces vidéos sont des constats esthétiques d’une société en déconstruction. Les créatures étranges peuvent exister et affronter notre réalité. Le souffle lumineux qui agite ces images exprime une technique mise au service d’une créativité débordante : celle de Chris Cunningham.
     

    Clips
    Second bad vilbel de Autechre 1995
    36 degrees de Placebo 1996
    Only You de Portishead 1997
    Come to daddy d’Aphex Twin 1997
    Frozen de Madonna 1998
    Come on my selector de Squarepusher 1998
    All is full of love de Björk 1998
    Leftfield de Afrika Shox 1998
    Windowlicker d’Aphex Twin 1999
     

    Pubs
    Engine pour Nissan
    Mental Wealth pour Sony Playstation
    Quiet pour Telecom Italia
    Sport is free pour ITV Sport
    BMW
     

    Effets spéciaux
    Alien 3
    AI de Stanley Kubrick (dernier projet du maître, repris par Spielberg)
     

    Court métrages
    Flex 2000 musique : Aphex Twin
    Rubber Johnny 2005 musique : Aphex Twin
     

    Installation vidéo
    Monkey Drummer  collaboration avec Aphex Twin
     

    DVD
    The work of director Chris Cunningham 2003

    www.rubberjohnny.tv/
    http://director-file.com/cunningham/
    www.warprecords.com

     

     


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  •                                                

    video clip de Steady as she goes de The Raconteurs (nécessite Quicktime)

    The Raconteurs c'est avant tout la collaboration de 2 amis plutôt opposés musicalement : d'un côté Brendan Benson, habitué à produire une pop soignée, procédant à un long mixage après avoir enregistré chaque instrument lui-même, comme sur son dernier album «The Alternative to love » sortie en 2005 ; de l'autre côté, on a Jack White des White Stripes, amenant son rock brut et brûlé à la cire pas au briquet... Celui-ci imposa pour l'album Broken Boy Soldiers  l'enregistrement des morceaux en live avec les musiciens, deux membres du groupe Greenhornes. L'alliance de ces opposés se vit aboutir à un breuvage racé, fort de chaque style et patte musicale. Cette étonnante mais efficace collaboration s'accompagne d'une réjouissante surprise quand on découvre le nom de celui qui se place derrière la caméra pour réaliser le premier clip : Jim Jarmusch Mesdames, Messieurs ! Frais, dispo et inspiré pour mettre en image Steady as she goes.
    Jarmusch a toujours aimé le rock et l'a souvent intégré à son cinéma, faisant participer en tant qu'acteurs des pointures du genre comme Iggy Pop ou Tom Waits dans Coffee and Cigarettes (les Whites Stripes y font aussi une apparition). On le retrouve au côté de Lou Reed dans Brooklyn Boogie en 1995 de Wayne Wang. Jarmusch a en outre suivi en image une tournée de Neil Young (Year of the horse, 1997)
    Le voici donc aux commandes du video clip de Steady as she goes, morceau grinçant et lourd à la fois, un déploiement sonore qui s'accroche à la pose légère de Benson. L'idée n'est pas de lécher l'image ici, mais de conserver le caractère sauvage et épuré que l'on retrouve dans la musique de The Raconteurs. Une vieille bicoque cachée au fond de l'Amérique sert de décor à une vision troublée par l'alcool. La caméra se décharge de toute sophistication et se rend disponible afin de capter les résonances troublantes des guitares qui font fuir les vaches... C'est cheap et alcoolisé, une vision hallucinatoire d'un groupe atypique perdu dans une maison vide et délabrée. On est loin de la modernité dont a horreur Jack White. On met les pieds sur les chemins d'Une Histoire Vraie de David Lynch et Last Days de Gus Van Sant. Mais le réalisateur de Dead Man a assez de personnalité pour faire entendre raison aux détours pris par sa caméra. Elle tente seulement de s'accorder avec les instruments, de les posséder, de ressentir l'ivresse qu'ils procurent. Jarmusch use des fondus sur la désolation; des filtres, très gros plans et mouvements de caméra à l'épaule nous donne l'impression visuelle d'être dans la fosse de leur concert avec quelques bras ou autres jambes de slameurs qui troublent notre champ de vision. Les plans d'extérieur se font plus courts alors que le cinéaste s'attarde avec le groupe et prolonge la propagation de la musique à travers les pièces vides de la maison. La décision finale semble hésitante entre un retour à la civilisation moderne pour le groupe ou rester dans cette maison qui a tout de même l'électricité...C'est déjà ça et cela suffit semble-t-il. Puisque c'est une vision hallucinatoire, on peut imaginer qu'ils sont à jamais prisonniers de cette maison et à la fois libres de produire une musique  s'inspirant de cet environnement, puisant aux origines du rock et de l'Amérique. Y'a plus qu'à choper l'adresse et vivre nous aussi la ruralité musicale qui inspire tant nos nouveaux compagnons de route. Sortez le van, j'appelle Jimmy...

     

     


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